Une invitation à l'autocritique du mouvement spirite

Notre dernière réunion d'étude virtuelle, le 23/04/06, s'est déroulée en tête de l'article "Réfutation d'un article de L'Univers", paru dans la Revue Spirite de mai 1859.

L'article de Kardec commence par une citation complète d'une publication de l'abbé Chesnel dans le journal susmentionné, publication d'ailleurs assez complexe à comprendre et, en fait, assez confuse dans ses idées. Bien qu'il ait cité plusieurs idées courantes à cette époque, telles que le spiritisme, le magnétisme et le spiritisme (bien qu'il confond spiritisme et spiritisme rationnel), il est très facile de remarquer la confusion des concepts faite par l'abbé, qui, comme point central, défend la l'idée que le Spiritisme (Spiritualisme) serait une religion nouvelle, présentant des dangers et une menace pour la religion catholique.

Le texte, bien qu'écrit avec une certaine profondeur, est particulièrement frivole, dans le sens de faire diverses déclarations sur le Spiritisme (que, je le répète, il appelle Spiritualisme), sans même avoir lu Le Livre des Esprits - ce qui est certain, car, juste à Au début de l'ouvrage, Kardec fait une nette distinction entre spiritisme et spiritisme [rationnel]. Mais là n'est pas l'essentiel de cette discussion.

Ce que nous avons remarqué dans notre étude, et à propos de ce dont nous avions déjà parlé d'autres fois, c'est la distance entre le Mouvement Spirite moderne et le Spiritisme "de Kardec" - avec beaucoup de précautions dans l'utilisation de ce terme, car le Spiritisme n'a jamais été de Kardec, ni créé ni imaginé par lui. Or, il n'est pas possible de nier que le Mouvement Spirite a fait du Spiritisme une religion, définition que beaucoup défendent farouchement, alors que Kardec fait, avec toutes les lettres, une défense rationnelle ardue du contraire, démontrant que le Spiritisme n'avait aucun aspect de religion, mais celle d'une science. Nous en avons déjà parlé dans l'article "Le spiritisme est une religion?”, “Science et Spiritisme : des questions de dimensions opposées ?“, “La distance entre le spiritisme et le mouvement spirite» et à d'autres occasions, mais nous avons décidé de revenir sur le sujet en raison de la nouvelle opportunité offerte et de l'insistance emphatique de Kardec – qui se poursuit dans le RE de juillet, avec une réplique à la réponse de l'Abbé.

Plus nous étudions le Spiritist Magazine, plus nous remarquons cette énorme distance mentionnée. Nous invitons le lecteur à se demander : pourquoi ? Est-ce que "notre" Spiritisme, basé sur des informations d'Esprits non vérifiées de manière scientifique et contrôlée, est "plus correct" que le Spiritisme étudié si sérieusement, de manière méthodique et contrôlée, par Kardec et d'autres membres de la Société Parisienne des Etudes Spiritualistes ? Notez ce qui suit :

Son véritable caractère est donc celui d'une science et non d'une religion, et la preuve en est qu'elle compte parmi ses adhérents des hommes de toutes croyances, qui n'ont pas, pour cela, renoncé à leurs convictions : catholiques fervents, qui pratiquent toutes les devoirs de son culte; Protestants de toutes sectes; Israéliens, musulmans et même bouddhistes et brahmanistes.

Kardec, revue spirite, mai 1859

Regardons froidement le Mouvement Spirite et essayons d'y insérer des personnes d'autres religions : elles n'existent pratiquement pas. Ils sont extrêmement rares et, presque toujours, ce sont des gens qui disent n'avoir « aucune religion définie ». Est-ce normal, par rapport à ce que Kardec a démontré ? Autre question : si un agent recenseur vous demande quelle est votre religion et que vous êtes adepte du spiritisme, que répondrez-vous ?

Toutes ces questions ne visent pas à attaquer la croyance personnelle de chacun (car, en fait, le Spiritisme n'est pas fait de croyances, mais d'investigation scientifique), mais à soulever un aspect grave que, peut-être, beaucoup ne remarquent pas : définir le Spiritisme en tant que religion est devenue la raison de la chute du mouvement spirite, qui se vide de plus en plus. Lisez l'article cité au début - vous pouvez le trouver ici – du moins à partir de la réponse de Kardec et essayez d'analyser, par vous-même, combien la définition de « religion » fait perdre au spiritisme sa portée et son aide au développement de l'humanité terrestre. Voyez la position de l'Abbé, compatible avec la position moderne de la plupart de ses adversaires : au lieu d'y comprendre la science le soutien de vos croyances ; au lieu de l'avoir comme une aide à leurs incertitudes, ils y ont un ennemi, comme si le fait de remplir les bancs d'un centre spirite signifiait vider les bancs d'une église. Malheureusement, très malheureusement, cela est devenu réalité.

Nous sommes extrêmement heureux d'avoir, parmi nos élèves les plus actifs, au moins une personne qui s'identifie comme catholique pratiquant, qui va à la messe, qui communie, qui pratique, bref, sa religion, mais qui étudie profondément et qui, bien des fois, comprend mieux que nous les préceptes moraux, philosophiques et scientifiques du Spiritisme, comprenant son caractère scientifique avec une nette distinction. Le spiritisme est la science de ce que nous sommes et de ce qu'est la création ; la religion est le choix de pratiques humaines, matérielles, avec un sens spiritualiste.

Enfin, pensez à ceci : alors que Kardec recommandé la pratique des études spirites à domicile, très courante à cette époque, demandez-vous : y a-t-il, aujourd'hui, du spiritisme hors des centres ? Que dit-on de la pratique médiumnique en dehors du centre spirite ?

Enfin, l'invitation est réitérée : étudier la revue spirite. De nombreux médiums bien connus n'y avaient pas accès. Aujourd'hui, nous l'avons, et d'une manière très, très simple et pratique. Laisser de côté l'étude des romans médiumniques, sans contestation ni investigation, est un attachement, et apporte des démérites, des difficultés et des erreurs au Spiritisme, qui, aujourd'hui, dans le Mouvement Spirite, n'a rien.