Théorie des manifestations physiques I
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Dans ce Magazine spirite, Allan Kardec affirme qu'il est facile de concevoir l'influence morale des Esprits et les relations qu'ils peuvent avoir avec notre âme, ou avec l'Esprit incarné en nous. Il est compréhensible que deux êtres de même nature puissent communiquer par la pensée, qui est un de leurs attributs, sans l'aide des organes de la parole. Il est cependant déjà plus difficile de se rendre compte des effets matériels qu'ils peuvent produire, comme les bruits, le mouvement des corps solides, les apparitions et surtout les apparitions tangibles.
La théorie des manifestations défendue par Kardec
La théorie que défend Kardec est que l'Esprit, étant immatériel par définition, a encore quelque chose de matière, car s'il n'avait rien, il ne serait rien.
Incarné dans le corps, l'Esprit constitue l'âme. Quand il la quitte, avec la mort, il n'est pas dépouillé de toute l'enveloppe. On nous dit tous qu'ils conservent la forme qu'ils avaient de leur vivant ; en effet, lorsqu'elles nous apparaissent, c'est généralement sous la forme sous laquelle nous les avons connues.
Observons-les attentivement, dès qu'ils quittent la vie : ils sont dans un état de trouble ; autour de vous tout est confus ; ils voient leur propre corps, entier ou mutilé, selon le type de mort. D'autre part, ils se voient et se sentent vivants ; quelque chose leur dit que c'est leur corps, mais ils ne comprennent pas comment ils peuvent être séparés. Le lien qui les unissait n'est pas encore totalement rompu.
Passé le moment de trouble, l'esprit se voit libéré de l'enveloppe charnelle qui lui servait de cage, dont il a été dépouillé sans regret, mais continue à se voir sous sa forme primitive.
Certaines manifestations produites par M. A domicile et par d'autres médiums du même genre se produisent avec l'apparition de mains qui ont toutes les propriétés des vivantes, que l'on touche, qui nous tiennent et qui se dissolvent brusquement.
Que doit-on en conclure ? Découvrez les concepts les plus marquants présents dans le Magazine :
L'âme et le périsprit
L'âme ne laisse pas tout dans le cercueil : elle emporte quelque chose avec elle.
Il y a en nous deux sortes de matière : une grossière, qui constitue l'enveloppe extérieure ; l'autre subtile et indestructible. La mort est la destruction, ou plutôt la désagrégation du premier, de ce que l'âme a abandonné ; l'autre se détache et suit l'âme, qui continue ainsi toujours à avoir une enveloppe.
Nous appelons cette enveloppe périsprit. Cette matière subtile, pour ainsi dire, extraite de toutes les parties du corps auxquelles elle s'est attachée durant la vie, conserve sa forme. C'est pourquoi tous les esprits sont vus et pourquoi ils nous apparaissent tels qu'ils étaient dans la vie.
Le périsprit n'a pas la ténacité ni la rigidité de la matière compacte du corps : il est souple et expansif. C'est pourquoi la forme qu'elle prend, même si elle est basée sur celle du corps, n'est pas absolue : elle se plie à la volonté de l'Esprit, qui lui donne, à sa guise, telle ou telle apparence, tandis que l'enveloppe solide offre c'est une résistance insurmontable.
Se démêlant de cet obstacle qui le comprimait, le périsprit s'étire ou se contracte ; elle se transforme et, en un mot, se prête à toutes les métamorphoses, selon la volonté qui agit sur elle.
Kardec souligne que, grâce à des études approfondies, la matière subtile qui constitue la deuxième enveloppe de l'Esprit ne se détache du corps que progressivement, et non instantanément.
Cela dit, l'expérience prouve encore que la durée de ce détachement varie selon les individus. Dans certains, cela prend trois ou quatre jours, tandis que dans d'autres, il n'est pas terminé avant plusieurs mois.
Comment la séparation de l'Esprit se produit-elle après la mort du corps ?
Chez certaines personnes, la séparation commence avant la mort : ce sont celles qui dans la vie ont été élevées par la pensée et la pureté de leurs sentiments, au-dessus des choses matérielles.
La mort ne trouve en eux que de faibles liens entre l'âme et le corps, qui se rompent presque instantanément. Plus l'homme vivait matériellement ; plus ses pensées ont été absorbées par les plaisirs et les soucis de la personnalité, plus ces liens sont tenaces. Il semble que la matière subtile s'identifie à la matière compacte et qu'une cohésion moléculaire s'établisse entre elles. C'est pourquoi ils ne se séparent que lentement et difficilement.
Dans les premiers instants après la mort, quand il y a encore union entre le corps et le périsprit, celui-ci conserve beaucoup mieux l'impression de la forme corporelle, qui en reflète pour ainsi dire toutes les nuances et même tous les accidents. C'est pourquoi une des victimes nous a dit, quelques jours après son exécution : Si vous pouviez me voir, vous me verriez avec la tête séparée de mon torse. Un homme qui avait été assassiné nous a dit : Regardez la blessure qu'ils ont faite dans mon cœur. Il pensait que nous pourrions le voir.
Sensation des esprits
Imaginons l'Esprit revêtu de son enveloppe semi-matérielle, ou périsprit, ayant la forme ou apparence qu'il avait de son vivant. Certains utilisent même cette expression pour se désigner : mon apparence est dans tel endroit. La matière de cette enveloppe est suffisamment subtile pour échapper à notre vue dans son état normal, mais elle n'est pas complètement invisible. Pour commencer, nous le voyons à travers les yeux de l'âme, dans les visions produites pendant les rêves. Mais ce n'est pas ce que nous voulons traiter. Dans cette matière éthérisée il peut y avoir une modification ; l'Esprit lui-même peut lui faire subir une sorte de condensation qui la rend perceptible aux yeux du corps. C'est ce qui se passe dans les apparitions vaporeuses. La subtilité de cette matière lui permet de traverser les corps solides, c'est pourquoi de telles apparitions ne rencontrent aucun obstacle et pourquoi elles disparaissent si souvent à travers les murs.
La condensation peut aller jusqu'à produire résistance et tangibilité. C'est le cas des mains que l'on peut voir et toucher. Mais cette condensation - et c'est le seul mot que nous puissions employer pour donner une idée, fût-elle imparfaite, de notre pensée - cette condensation, disions-nous, ou même cette solidification de la matière éthérée, n'est que passagère ou accidentelle, car cette condensation ce n'est pas votre état normal. C'est pourquoi, à un instant donné, des apparitions tangibles nous échappent comme une ombre. Ainsi, de même qu'un corps nous apparaît à l'état solide, liquide ou gazeux, selon le degré de condensation, de même la matière éthérée du périsprit peut nous apparaître à l'état solide, vapeur visible ou vapeur invisible.
Comment la matière spirituelle nous apparaît-elle ?
La main apparente, tangible, offre une résistance : elle exerce une pression, laisse des empreintes, opère une traction sur les objets que nous tenons. Il y a donc une force en elle. Or, ces faits, qui ne sont pas des hypothèses, peuvent nous conduire à l'explication des manifestations physiques.
Notons tout d'abord que cette main obéit à une intelligence, puisqu'elle agit spontanément ; il donne des signes indubitables d'une volonté et obéit à une pensée : il appartient donc à un être complet, qui ne nous montre que cette partie de lui-même, et la preuve en est qu'il produit des impressions avec les parties invisibles ; les dents laissent des marques sur la peau et provoquent des douleurs.
Parmi les diverses manifestations, l'une des plus intéressantes est sans aucun doute le jeu spontané d'instruments de musique. Les pianos et les accordéons sont apparemment les instruments de prédilection. Ce phénomène s'explique très naturellement par ce qui précède. La main qui a la force de saisir un objet peut aussi avoir la force d'appuyer sur les touches et de les faire sonner. En fait, à plusieurs reprises, nous avons vu les doigts en action, et quand la main n'est pas vue, on voit les touches bouger et le soufflet s'étirer et se fermer. Les touches ne peuvent être déplacées que par une main invisible, qui fait preuve d'intelligence, jouant des airs parfaitement rythmés et non des sons incohérents.
Puisque cette main peut enfoncer ses ongles dans notre chair, nous pincer, arracher ce que nous avons dans la main ; puisqu'on la voit ramasser et porter un objet, comme on le ferait, elle peut aussi nous frapper, soulever et renverser une table, sonner une cloche, tirer un rideau, et même nous donner une gifle invisible.
Vous vous demanderez peut-être comment cette main, à l'état invisible vaporeux, peut avoir la même force qu'à l'état tangible. Et pourquoi pas? Voyons-nous des bâtiments renversés par l'air, des projectiles de lancement de gaz, des signaux de transmission d'électricité, des masses de levage de fluide magnétique? Pourquoi la matière éthérée du périsprit serait-elle moins puissante ? Mais nous ne voulons pas le soumettre à nos expériences de laboratoire et à nos formules algébriques. Principalement parce que nous avons pris les gaz comme terme de comparaison, nous ne leur attribuerons pas des propriétés identiques, ni ne calculerons leur force de la même manière que nous calculons celle de la vapeur. Jusqu'à présent, il échappe à tous nos instruments. C'est un nouvel ordre d'idées, hors du champ des sciences exactes. C'est pourquoi ces sciences ne nous offrent pas la capacité spéciale de les apprécier.
le mouvement des corps
Nous ne donnons cette théorie du mouvement des corps solides sous l'influence des esprits que pour montrer la matière sous tous ses aspects et pour prouver que, sans trop nous éloigner des idées reçues, il est possible de se rendre compte de l'action des esprits sur la matière inerte. Il en est cependant une autre, de haute portée philosophique, donnée par les Esprits eux-mêmes, qui éclaire ce problème d'un jour tout à fait nouveau. Il sera mieux compris après l'avoir lu. En effet, il est utile de connaître tous les systèmes afin de pouvoir les comparer.
Il reste maintenant à expliquer comment s'opère cette modification de la substance éthérée du périsprit ; par quel processus l'Esprit opère-t-il et, par conséquent, le rôle des médiums d'influence physique dans la production de ces phénomènes ; que leur arrive-t-il dans de telles circonstances? la cause et la nature de ses facultés, etc.
C'est ce qui sera fait dans le prochain article.