Matérialité d'outre-tombe : le Zuavo de Magenta
Nous avons présenté dans le dernier EN DIRECT une des Conversations d'outre-tombe de la Revue Spirite de 1859, traitant du thème de la Matérialité d'outre-tombe.
Cette fois, ils parlent à un soldat tué au combat.
Le gouvernement a autorisé les journaux non politiques à rendre compte de la guerre*. Cependant, comme les rapports sont abondants sous toutes les formes, il serait inutile de les répéter ici. La plus grande nouvelle pour nos lecteurs est une histoire d'un autre monde.
Bien qu'il ne soit pas tiré de la source officielle du Moniteur, il n'en est pas moins intéressant du point de vue de nos études. Nous avons donc pensé interroger quelques-unes des glorieuses victimes de la victoire, en supposant que nous pourrions en tirer quelque instruction utile. Des sujets d'étude similaires, et principalement d'actualité, n'apparaissent pas à chaque étape. Ne connaissant personnellement aucun des participants à la dernière bataille, nous avons prié les esprits qui nous assistaient de nous envoyer quelqu'un. Nous en sommes venus à penser que la présence d'un étranger serait préférable à celle d'amis ou de parents submergés par l'émotion. En cas de réponse affirmative, nous avons obtenu les communications suivantes.
RE 1859 Le Zuavo de Magenta
Cela a eu lieu pendant la deuxième guerre d'indépendance italienne. La guerre a eu lieu en 1859, et a opposé le royaume de Sardaigne, dirigé par Camillo di Cavour, et la France, dirigée par l'empereur Napoléon III, contre l'empire autrichien. Nous allons exposer quelques extraits de cette longue conversation d'outre-tombe.
1. ─ Nous prions Dieu Tout-Puissant de permettre à l'esprit d'un soldat tué à la bataille de Magenta de venir communiquer avec nous.
─ Que veux-tu savoir?
2. ─ Où étais-tu quand on t'a appelé ?
─ Je ne le saurais pas.
3. ─ Qui t'a dit que nous voulions te parler ?
─ Quelqu'un de plus intelligent que moi.
4. ─ À quel moment de la vie a-t-il été douteux que les morts puissent venir converser avec les vivants?
─ Ah ! Pas ça.
5. ─ Quelle sensation ressens-tu en étant ici ?
─ Cela me fait plaisir. On me dit que vous avez de grandes choses à faire.
6. ─ A quel corps d'armée appartenais-tu? (Quelqu'un dit à voix basse : d'après la langue, cela ressemble à un "zuzu")
─ Ah ! Eh bien dites-vous !
7. ─ Quel était votre poste ?
─ Tout le monde.
8. ─ Quel était ton nom ?
—Joseph Midard.
9. ─ Comment es-tu mort ?
─ Vous voulez tout savoir sans rien payer ?
10. ─ Je suis content que tu n'aies pas perdu ta jovialité. Dis dis; nous paierons plus tard. Comment es-tu mort ?
─ D'une prune [projectile] que j'ai reçu.
11. ─ As-tu été bouleversé par la mort ?
─ Non ! Je suis ici.
12. ─ Au moment de mourir, t'es-tu rendu compte de ce qui s'était passé?
─ Non. J'étais tellement abasourdi que je ne pouvais pas y croire. [note ci-dessous]
REMARQUE d'AK : Ceci est conforme à ce que nous avons observé dans les cas de mort violente. Ne réalisant pas immédiatement sa situation, l'esprit ne pense pas qu'il est mort. Ce phénomène s'explique très facilement. Elle est analogue à celle des somnambules qui ne croient pas dormir. En effet, pour le somnambule, l'idée de sommeil est synonyme de suspension des facultés intellectuelles. Maintenant, comme il le pense, il ne croit pas qu'il dort. Ce n'est que plus tard qu'il est convaincu, lorsqu'il se familiarise avec le sens attaché à ce mot. Il en est de même d'un esprit surpris par une mort subite, alors que rien n'est préparé pour se séparer du corps. Pour lui, la mort est synonyme de destruction, d'anéantissement. Eh bien, puisqu'il vit, sent et pense, il comprend qu'il n'est pas mort. Il faut du temps pour se reconnaître.
13. ─ Au moment de ta mort, la bataille n'était pas terminée. Avez-vous suivi leurs aventures ?
─ Oui, parce que, comme je te l'ai dit, je ne pensais pas que j'étais mort. Je voulais continuer à frapper les autres chiens.
14. ─ Quelle sensation as-tu ressentie alors?
─ J'étais ravie, car je me sentais très légère.
15. ─ As-tu vu les esprits de tes camarades quitter leur corps?
─ Je n'y ai même pas pensé, parce que je ne croyais pas que j'étais mort.
16. ─ En quoi la multitude d'esprits qui ont perdu la vie dans le tumulte de la bataille se sont-ils transformés à ce moment-là ? ─ Je crois qu'ils faisaient la même chose que moi
17. ─ Se retrouvant réunis dans ce monde des Esprits, qu'ont pensé ceux qui se sont battus le plus durement? Se jetaient-ils encore l'un sur l'autre ?
─ Oui. Pendant un certain temps, et selon son caractère.
18. ─ Vous reconnaissez-vous mieux maintenant ?
─ Sans cela, ils ne m'auraient pas envoyé ici.
19. ─ Pourriez-vous nous dire si parmi les esprits des soldats morts il y a longtemps, il y en avait encore qui s'intéressaient à l'issue de la bataille ? (Nous supplions Saint Louis de l'aider avec les réponses, afin que, pour notre instruction, elles soient aussi explicites que possible).─ En grand nombre. Il est bon que vous sachiez que ces combats et leurs conséquences sont préparés longtemps à l'avance et que nos adversaires ne se seraient pas impliqués dans des crimes, comme ils l'ont fait, s'ils n'y avaient été contraints en raison des conséquences futures, que vous découvrirez bientôt.
20. ─ Il devait y avoir là-bas des esprits qui s'intéressaient au succès des Autrichiens. Y aurait-il alors deux champs de bataille entre eux ?
─ Évidemment.
OBSERVATION : Ne semble-t-il pas qu'on voit ici les dieux d'Homère prendre parti, les uns pour les Grecs, les autres pour les Troyens ? En effet, qui étaient ces dieux du paganisme, sinon les Esprits que les Anciens avaient transformés en divinités ? N'avons-nous pas raison de dire que le spiritisme est une lumière qui éclairera divers mystères, la clé de nombreux problèmes ?
21. ─ Ont-ils eu une influence sur les combattants ?
─ Très considérable.
22. ─ Pouvez-vous nous décrire comment ils ont exercé une telle influence?
─ De la même manière que toutes les influences des Esprits s'exercent sur les hommes. [par pensée]
REMARQUE: C'est un fait, comme cela devient de plus en plus évident, que la mentalité de l'Esprit crée des scénarios de matière fluidique autour de lui. Une autre chose pourrait aussi être possible : ils continuent sur le champ de bataille terrestre, probablement avec quelques « ajouts fluidiques ». Tous ces éléments doivent être indiscernables au début lorsqu'ils sont dans l'état de perturbation. Cependant, ce n'est pas une règle, c'est-à-dire qu'elle ne constitue pas une vérité générale pour chaque soldat tué à la guerre (voir O Tambor de Beresina, RE, juillet 1858). L'erreur est toujours de prendre les paroles de n'importe quel esprit sans analyser son arrière-plan, surtout lorsque l'esprit est dans un trouble post-mortel ou est peu éclairé, ce qui est dénoté par ses propres idées. Voici le long travail de psychologie expérimentale de Kardec !
23. ─ Qu'espérez-vous faire maintenant ?
─ Étudie plus que je ne l'ai fait lors de ma dernière étape.
24. ─ Allez-vous revenir en spectateur dans les batailles qui restent à livrer ?
─ Je ne sais toujours pas. J'ai des affections qui me retiennent pour le moment. Cependant, j'espère de temps en temps y faire une pause, m'amuser avec les coups ultérieurs.
25. ─ Quel genre d'affection te retient encore?
─ Une vieille mère malade et souffrante, qui pleure pour moi.
26. ─ Je te demande de me pardonner la mauvaise pensée qui m'a traversé l'esprit, concernant l'affection qui la porte.
─ Peu importe. Je dis des bêtises pour te faire rire un peu. Il est naturel que vous ne me preniez pas pour grand-chose, vu le régiment médiocre auquel j'appartenais. Ne t'inquiète pas, je ne me suis impliqué qu'à cause de cette pauvre mère. Je mérite un peu qu'ils m'envoient vers vous.
27. ─ Lorsque tu étais parmi les esprits, as-tu entendu le bruit d'une bataille? Avez-vous vu les choses aussi clairement que dans la vie ?
─ Au début, je l'ai perdue de vue, mais au bout d'un moment j'ai vu beaucoup mieux, car j'ai compris toutes les astuces. [parle dans le sens des pensées]
28. ─ Je demande si tu entends le bruit du canon.
─ Oui.
29. ─ Au moment de l'action, as-tu pensé à la mort et à ce que tu deviendrais si tu étais tué?
─ J'ai pensé à ce qu'il adviendrait de ma mère.
30. ─ Était-ce la première fois qu'on vous incendiait?
─ Non, non. Et l'Afrique ?
31. ─ As-tu vu l'entrée des Français à Milan?
─ Non.
32. ─ Êtes-vous le seul à être mort en Italie ?
─ Oui.
33. ─ Pensez-vous que la guerre durera longtemps?
─ Non. Il est facile et donc peu méritoire de faire une telle prédiction.
34. ─ Quand tu vois un de tes chefs parmi les Esprits, le reconnaissez-vous encore comme votre supérieur?
─ S'il l'est, oui; sinon, non. [note ci-dessous]
REMARQUE de AK : Dans sa simplicité et sa brièveté, cette réponse est éminemment profonde et philosophique. Dans le monde spirite, la supériorité morale est la seule chose reconnue. Celui qui ne l'a pas eu sur Terre, quelle que soit sa position, n'a, en fait, aucune supériorité. Là, le patron peut être sous le soldat et le patron sous le serveur. Quelle leçon pour notre fierté !
35. ─ Penses-tu à la justice de Dieu et t'en inquiètes-tu?
─ Qui n'y penserait pas? Heureusement, je n'ai pas grand-chose à craindre. J'ai sauvé, pour certaines actions que Dieu jugeait bonnes, les quelques légèretés que j'ai commises comme « zuzu », comme vous dites.
36. ─ En voyant un combat, as-tu pu protéger un de tes compagnons et détourner de lui un coup fatal?
─ Non. Nous ne pouvons pas faire cela. Le moment de la mort est fixé par Dieu. S'il doit arriver, rien ne l'arrêtera, tout comme personne ne pourra l'atteindre si son heure n'a pas sonné.
37. ─ Voyez-vous le général Espinasse?
─ Je ne l'ai pas encore vu. Mais j'espère te voir bientôt.
DEUXIÈME CONVERSATION
(17 JUIN 1859)
38. (Évocation).
─ Cadeau ! Entreprise! Devant!
39. ─ Vous souvenez-vous d'être venu ici il y a huit jours?
─ Pourquoi pas ?!
40. ─ Vous nous avez dit que vous n'aviez pas encore vu le général Espinasse. Comment as-tu pu le reconnaître, puisqu'il n'avait pas emporté avec lui son uniforme de général?─ Non, mais je le connais de vue. D'ailleurs, n'avons-nous pas beaucoup d'amis autour de nous, prêts à nous dévoiler le mot de passe ? Ce n'est pas comme la caserne ici. Les gens n'ont pas peur de tomber sur quelqu'un, et je vous assure que seuls les coquins sont laissés seuls.
41. ─ Sous quelle apparence te retrouves-tu ici?
─ Zuavo.
42. ─ Si nous pouvions te voir, comment te verrions-nous?
- En turban et culotte.
43. ─ Bravo ! Supposons que vous nous apparaissiez en turban et culotte. Où auriez-vous trouvé ces vêtements, puisque vous avez laissé les vôtres sur le champ de bataille ?
─ Eh bien, eh bien! Je ne sais pas comment c'est, mais j'ai un tailleur qui me les adapte.
44. ─ De quoi sont faits le turban et la culotte que tu portes? Vous n'avez aucune idée ?
─ Non. C'est juste là avec le chiffonnier.
REMARQUE d'AK : Cette question de l'habillement des esprits, ainsi que plusieurs autres non moins intéressantes, liées au même principe, ont été complètement élucidées par de nouvelles observations faites au sein de la Société. Nous en parlerons dans le prochain numéro. Notre bon Zouavo n'est pas assez avancé pour le résoudre seul. Pour cela, il nous fallait le concours de circonstances qui se présentaient fortuitement et qui nous mettaient sur la bonne voie.
45. ─ Savez-vous pourquoi vous nous voyez, alors que nous ne pouvons pas vous voir?
─ Je pense que tes lunettes sont trop faibles.
46. ─ N'est-ce pas pour cette même raison que vous ne voyez pas le général dans son uniforme ?
─ Oui, mais il ne le porte pas tous les jours.
47. ─ Quels jours le portez-vous ?
─ Maintenant ça! Quand ils l'appellent au palais.
48. ─ Pourquoi es-tu ici habillé en Zouavo si on ne te voit pas?─ Simplement parce que je suis encore Zouavo, même après environ huit ans, et parce que chez les Esprits on conserve longtemps cette forme. Mais c'est juste entre nous. Vous comprenez que lorsqu'on va dans un monde très différent, comme la Lune ou Jupiter, on ne prend pas la peine de faire toute cette toilette.
OBSERVATION: Ce ici est très intéressant. Ce que je comprends, c'est qu'il fait référence au fait que l'Esprit adopte une forme périspirituelle selon le monde où ils vont et selon l'existence d'une personnalité dans ce monde, sans même s'en rendre compte. S'il avait vécu dans un monde lointain, par exemple marchand d'animaux, lorsqu'il y était évoqué, il se présenterait ainsi.
49. ─ Tu parles de la Lune et de Jupiter. Étiez-vous là après sa mort ?
─ Non. Vous ne me comprenez pas. Après la mort, nous découvrons beaucoup de choses. Ne nous ont-ils pas expliqué beaucoup de problèmes de notre Terre ? Ne connaissons-nous pas Dieu et les autres êtres beaucoup mieux qu'il y a quinze jours ? Avec la mort, l'Esprit subit une métamorphose que vous ne pouvez pas comprendre.
50. ─ As-tu fouillé le corps abandonné sur le champ de bataille?
─ Oui. Il n'est pas beau.
51. ─ Quelle impression cette vue t'a-t-elle laissée?
─ De tristesse.
52. ─ Êtes-vous conscient de votre existence antérieure?
─ Oui, mais ce n'est pas assez glorieux pour que je me pavane.
53. ─ Dites-nous simplement quel genre de vie vous meniez.
─ Simple marchand de peaux d'animaux sauvages.
54. ─ Nous te remercions d'avoir eu la bonté de venir pour la deuxième fois.
─ A bientôt. Cela m'amuse et m'instruit. Depuis que je suis bien toléré ici, j'y retournerai avec plaisir.
OBSERVATION: La tolérance est une des conséquences de la charité. Le Zouave s'est senti « accueilli » dans la communication.
LA prochain article apportera l'évocation de l'officier supérieur qui était dans la même bataille que ce zuavo.